Bonjour à toutes et tous,
Nous voici enfin de retour pour une lettre d’information pré-printanière, avec au menu une belle et passionnante rencontre organisée conjointement avec le Radar et la Villa La Brugère, ainsi qu’un petit florilège de nos meilleures lectures du moment !
Rencontre entre photographie et littérature, mardi 14 mars – 18h – au Radar
La Villa La Brugère nous a amicalement proposé une rencontre avec Raphaël Mathevet, écologue et géographe au CNRS, co-auteur avec Roméo Bondon de Sangliers, Géographies d’un animal politique (Actes Sud, collection Mondes sauvages, 2022). Désireux lui aussi de se mettre “à la hauteur du sanglier” il dialoguera avec Mathieu Lion, photographe actuellement exposé à la galerie Le Radar (pour plus d’information sur cette fameuse exposition, c’est ici : https://le-radar.fr/expositions/la-hauteur-du-sanglier/)
Passons à présent à nos coups de cœur du moment, à base de roman noir lumineux, d’autobiographie imaginaire, de BD sacrément bien dessinées et de pigeons aventuriers !
Le Passager – Cormac McCarthy aux éditions de L’Olivier
L’auteur mythique de La Route est de retour avec un diptyque comme à son habitude minimaliste et puissant, à mi-chemin entre le récit intimiste et l’épopée métaphysique. Bobby Western est un plongeur récupérateur professionnel, missionné une nuit pour aller inspecter l’épave d’un avion s’étant mystérieusement écrasé au milieu de l’océan. Partant de ce postulat, McCarthy dresse le portrait d’un homme complexe et torturé, issu d’une famille dysfonctionnelle, qui devra faire face à ses démons tout autant qu’aux déroutantes contingences qui l’attendent.
Bomarzo – Manuel Jurica Làinez aux éditions Cherche Midi
Au cœur de la renaissance italienne, le cadet bossu de la famille Orsini, Pier Francesco, nous fait le récit de sa vie qui commence de façon bien étrange. À sa naissance son père fait venir un astrologue qui ne parvient pas à voir sa mort dans les astres. Quel sera le destin de ce jeune homme ? Une autobiographie imaginaire qui nous plonge dans les jeux de pouvoir et de séduction de cette période faste de l’histoire italienne. Un roman exigent, un texte dense mais des émotions intenses et une aventure sublime.
Brussailles – Eleonore Devillepoix aux éditions Hachette
Un voleur d’œufs met la communauté aviaire de Bruxelles en plein émoi. Le parlement des oiseaux confie à un trio d’oiseaux improbables de prouver que ce sont les perruches les coupables. Rebondissements, suspens, aventures et amitiés. Une jolie fable animalière agrémentée de notes de l’autrice à l’humour bien dosé. À partir de 10 ans (adultes fortement incités à le dévorer tout autant)
Écoutez moi jusqu’à la fin – Jess Gunty aux éditions Gallmeister
Nouvelle pépite littéraire de Gallmeister, rien de moins ! Blandine, à l’intelligence acérée et au physique singulier, se réfugie dans le mysticisme. Joan, 40 ans, travaille comme modératrice d’avis sous des chroniques nécrologiques. Todd, issu de la protection de l’enfance est fasciné par Blandine. James prof de math est désabusé… une multitude de personnages en quête (en vain) de rêves à Vacca Vale, ville mourante des États-Unis. Surprenant, intelligent, brutal, drôle mais surtout fascinant ! une fois commencé, il est difficile de refermer ce roman.
Écritures carnassières – Ervé aux éditions Maurice Nadeau
Ce livre « il t’a étripé, agrippé, chiffonné comme un tissu mouillé de larmes, revigoré comme un alcool fort venu du bout du monde, fait rire comme un clown triste. » dit Florence Fantini dans sa postface. Je ne peux que lui donner raison. J’ai adoré ce texte et rencontrer cet homme, Ervé. J’ai adoré avoir l’impression d’être assis sur un banc, dans une rue quelconque à l’écouter me narrer sa vie, ses difficultés à vivre dans la rue, ses rencontres, son combat, ses démons, sans jamais s’apitoyer face à cette précarité. J’ai été touché, profondément, par cette finesse, par ce courage, par ce cœur que l’on retrouve dans cette plume à découvrir.
Peau – Sabien Clement et Mieke Versyp aux éditions Çà et Là
Voici une magnifique BD qui aborde le thème de notre relation au corps. À travers le portrait de deux femmes d’âge différent, les autrices évoquent la difficulté à se sentir pleinement dans son propre corps et quelles conséquences cela peut-il avoir dans nos rapports avec les autres. Un dessin de haute volée parachève de sublimer ce titre. À lire absolument !
Tango volver – Hanneriina Moisseinen aux éditions L’Employé du Moi
Comment faire résilience face à la perte ? Comment « faire » son deuil lorsque la mort n’est même pas certaine ? Et au bout du compte, comment continuer de faire exister l’autre au travers d’un souvenir acceptable et heureux ? Ce sont toutes ces questions qui traversent pudiquement ce livre, cette bande-dessinée qui s’émancipe du genre lui-même pour proposer quelques trouvailles graphiques magnifiques (dessins par le biais de broderies par exemple). L’autrice tentera donc d’élucider le mystère de la disparition tragique de son père, à la fin des année 80 au cœur de la Finlande. Bouleversant, à tous points de vue.
